Evolution de la vision du corps
Au cours des dernières années, les publicités regorgent de produits diététiques amincissants et inondent le marché et poussent les consommateurs à acheter, et les personnes souffrant d’obésité sont perçues comme étant un poids pour la société.
Auparavant, en France l’image des personnes en surpoids était souvent valorisée, notamment à travers des réalisations artistiques telles que les peintures ou encore des écrits.
Par exemple, au temps du Moyen-Âge, une personne « forte » n’était pas dénoncée mais au contraire, appréciée car synonyme de puissance et même de richesse. La population était divisée en trois catégories : le paysan, le clergé et les guerriers. Tandis que le régime alimentaire des moines et paysans était principalement composé de céréales et de légumineuses, celui des seigneurs et soldats se constituait des meilleurs mets. L’embonpoint était associé à la force et à une carrure protectrice. On disait même qu’une femme forte était plus à même de porter des enfants forts.
Cependant, dès la fin du Moyen-Âge, un doute s’installe sur la vertu de la grosseur. On qualifie peu à peu la chose d’excès, d’amollissement et de relâchement. On distingue à l’époque, deux types de grosseur : celui avec des formes robustes, signe d’opulence, en opposition aux paysans affamés. Ainsi que le « très gros », synonyme d’abus et de débauche tel que le Roi de France, Louis le Gros en 1135.
Par la suite, à la Renaissance, on valorise davantage l’efficacité et l’activité, le « gros » devient réellement synonyme de lourdeur, d’inutilité et de paresse. Cette vision est très représentée dans les iconographies et les écrits de l’époque tels que Gargantua qui dénonce la gloutonnerie à travers une histoire caricaturale. Ainsi, le « gros » est méprisé mais le « maigre » n’est pas pour autant valorisé.
La Renaissance amène son lot de changements, notamment au niveau alimentaire. Les Européens voient la possibilité de produire de grandes plantations notamment de canne à sucre dont ils raffolent tant. L’apport de glucose est alors plus conséquent et le prix plus abordable : sa consommation augmente et entraîne inévitablement des excès.
Quant à la science, avec une évaluation du corps encore très intuitive, on redoute les répercussions de l’obésité sur les facultés motrices. Des pratiques émergent pour lutter contre le surpoids à l’aide de ceintures et de corsets. Les pratiques médiévales telles que la saignée et la purge ne disparaissent pas pour autant.
Tandis qu’à l’époque des Lumières, une certaine sensibilité par rapport aux « graisses » et ce que l’on nomme bientôt « excès de poids » commence à se développer. Une vision médicale commence à s’organiser concernant les personnes en situation de surpoids et/ou d’obésité. On comprend les conséquences néfastes sur la santé telles que l'impuissance ou la stérilité. On commence les suivis, retranscrits dans un carnet de santé, pour déterminer le poids idéal via une courbe et l’utilisation de ceintures pour mesurer la taille. Le surpoids est considéré comme un déséquilibre médical.
Le XIX° siècle marque un tournant dans la connaissance scientifique. Au niveau chimique, on perçoit l’organisme comme une machine dont la force unique tiendrait à une combustion. C’est-à-dire qu’il faut brûler des calories, pour produire une énergie.
En 1860, le premier livre sur “le régime” devient un best-seller, on est attiré par le désir de rentrer dans les normes. L’attrait des plages et de la baignade révèle les corps et engendre des complexes accentués par l’utilisation de plus en plus courante de miroirs. La mode change et l’habit féminin met en valeur les courbes naturelles et élancées des femmes, celles en surpoids sont alors moquées.
Le XX° siècle est marqué par le développement des loisirs. L’image de la minceur est mise en valeur, notamment par le cinéma où la forme du corps se doit d’être musclé, sculpté. Le corps devient témoin de la volonté personnelle de se prendre en main. Dans l’inconscient collectif, le «gros» est maintenant signe de pauvreté, symbole de dégénérescence, tandis que la maigreur est synonyme de prospérité mais aussi de sensualité.
Au cours des dernières années, les personnes souffrant d’obésité sont perçues comme étant un poids pour la société. Le surpoids prend un aspect maladif et monstrueux et ainsi la balance devient un objet du quotidien pour se peser et se contrôler. Une pression sociale qui pousse les grandes entreprises à saisir l'opportunité de se faire de l’argent grâce au média. Les publicités regorgent de produits diététiques amincissants et inondent le marché et poussent les consommateurs à acheter. On retrouve ce phénomène notamment avec Instagram et son lot d’influenceurs. On gomme les imperfections car la conformité doit régner, créant ainsi des complexes chez les plus jeunes.
Au fur et à mesure du temps, un certain malaise s’installe autour de ce sujet. On se rend compte que les régimes “minceurs” sont inefficaces voir même dangereux pour la santé. La frustration entraîne des troubles du comportement alimentaire surtout chez les jeunes.
Aujourd'hui, notre connaissance du corps et du mental a évolué, nous sommes plus à même de comprendre les différents facteurs influençant nos comportements alimentaires. Néanmoins, l’obésité est souvent citée comme une réelle pandémie se propageant aux quatre coins du globe. La stigmatisation de l’obèse continue. Elle s’amplifie par l’augmentation ahurissante de la population souffrant de ce problème de santé, dû en partie à nos habitudes quotidiennes plus sédentaires qu’auparavant. Également, l’augmentation de la consommation de produits ultra transformés, d’additifs alimentaires et conservateurs mènent la population à entrer dans ce cercle vicieux : mauvaise alimentation, perte d'énergie, sédentarité, problèmes de santé.
[Article en partenariat avec Nutrimis]