L’alimentation intuitive chez la femme enceinte

Lors de la grossesse, la femme enceinte pense davantage à son enfant qu'à elle même, la vision de son corps peut changer et emporter avec elle tous les a priori sur sa façon de s'alimenter.

L’alimentation intuitive chez la femme enceinte
Photo by Maria Ionova / Unsplash

Le concept de l'alimentation intuitive est né en 1995 du travail de deux diététiciennes américaines Evelyn Tribole et Elyse Resch. Elles ont écrit un livre nommé Intuitive Eating qui est régulièrement révisé selon les nouvelles études sorties sur le sujet. L'idée est de se recentrer sur soi-même et d'être à l'écoute de ses sensations corporelles. Le concept a plus largement été repris par de nombreux autres auteurs et divise les professionnels de la nutrition.

Qu’est ce que l’alimentation intuitive

L'alimentation intuitive repose sur 10 principes :

1) Rejeter la mentalité des régimes : Dans la société actuelle la minceur est ainsi synonyme de santé, réussite et beauté. Ce principe propose donc de s'en détacher afin de se rapprocher de nos besoins. Cette mentalité incite à tomber dans le cercle du "Dilemme des régimes" ce qui n'est pas bon pour la santé mentale et physique.

Living Without Dieting John P. Foreyt and G.Ken goodrick


2) Honorer sa faim : Honorer sa faim consiste à apprendre à ressentir et accepter les signaux corporels annonçant un besoin en dépit de l'environnement. Ce lien entre signaux et besoin a été vérifié par une analyse de la glycémie et de l'insulinémie après les premiers signaux de faim.

3) Faire la paix avec la nourriture :  Dans ce principe on se donne la permission inconditionnelle de manger quelques aliments que ce soient sans émettre une valeur à l'aliment dit. Interdire un aliment provoque une restriction cognitive et induit des envies incontrôlables de manger cet aliment. Les conséquences de la restriction cognitive ont été testées sur des enfants, ils étaient instinctivement attiré vers la nourriture que l'on leur avait interdit.

4) Défier sa voix intérieure : Des règles irraisonnées provenant de la culture du régime sont inscrites en nous sous forme de pensées qui dirigent nos choix alimentaires. S'en détacher permet de suivre ses envies et ses besoins. Cette voix intérieure est différente chez une personne au régime qui associera un aliment et une émotion contrairement à celle qui ne l'est pas.

5) Découvrir le facteur de satisfaction : Pour découvrir la satisfaction lors d'une prise alimentaire il faut s'autoriser à la vivre. Une fois ressentie, elle devient un nouvel outil pour comprendre ce qui est bon pour nous à un instant T. La culture culinaire japonaise en est un exemple, en recentrant le goût au cœur de leur choix d'alimentation.

6) Ressentir la satiété : La satiété à la différence du rassasiement est un point statique qui indique que l'on a couvert nos besoins, que l'on a assez mangé. La ressentir c'est savoir quand arrêter de manger, elle est liée à notre non-envie de continuer à manger. Prendre un repas en pleine conscience donne l'occasion de manger plus lentement et d'écouter cette sensation.

7) Accueillir ses émotions avec bienveillance : Les émotions ont un lien direct avec les consommations alimentaires. Lorsque l'on ressent une émotion négative, on aura tendance à augmenter la quantité ingérée. Les personnes se restreignant dans leur alimentation sont d'autant plus touchées par ce phénomène.

8) Respecter son corps : Pour accepter ses envies et se détacher de son environnement, il faut apprendre à respecter son corps même s' il ne correspond pas aux normes sociétales. D'après plusieurs études, il existe pour chacun de nous un "body weight set point" qui serait notre fourchette de poids idéale restant à l'équilibre grâce à un rétrocontrôle hypothalamique.

9) Bouger son corps : Ce principe incite à rester actif. Il n'engage aucune pression d'entraînement, cela rappelle seulement  l'intérêt de ne pas être sédentaire en insistant qu'il faut se concentrer sur le fait qu'être en  mouvement est une manière de prendre soin de soi

10) Honorer sa santé par la nutrition : Une fois que les autres principes sont acquis, les deux diététiciennes proposent à leurs lecteurs de faire leurs choix alimentaires selon ce qui est bon pour leur santé et leur goût et ce qui les fait se sentir bien (sous entendu mentalement comme corporellement).

Echelle de l'alimentation intuitive

Afin de pouvoir évaluer l'impact de l'alimentation intuitive, il a été créé une échelle évaluant le niveau d'intuitivité de chaque mangeur. La première est née en 2004 du travail de Hawks et al. La seconde, Intuitive Eating Scale-2 , date de 2006, mais a été révisée en 2013. C'est à partir de celle-ci que la majorité des recherches cliniques ont été faites.

On a pu admettre une association entre le fait d'être un mangeur intuitif, un IMC plus bas et une meilleure santé psychologique . Mais aussi potentiellement de meilleurs paramètres médicaux tels qu'un niveau plus élevé de HDL cholestérol, un niveau plus bas de triglycérides et un risque cardiovasculaire diminué .

Association de l'alimentation intuitive et de la grossesse

Alimentation intuitive et gain de poids gestationnel

Depuis peu, l'échelle de la nutrition intuitive a été validée chez la femme enceinte. Grâce à cette adaptation de la "Intuitive Eating Scale-2" il a pu être trouvé une potentielle association entre Alimentation Intuitive et un gain de poids gestationnel plus faible :

Pour chaque point de plus sur l'échelle de la nutrition intuitive, la prise de poids gestationnelle était inférieure de 1,7 kg en moyenne (cohorte de 218 femmes) .

Une meilleure écoute des sensations corporelles lors de la grossesse

Lors de la grossesse, la femme enceinte pense davantage à son enfant qu'à elle même, la vision de son corps peut changer et emporter avec elle tout les a priori sur la façon de s'alimenter ( Principe 8). Lors de l'élaboration de l'échelle d'évaluation de la satisfaction corporelle il a été révélé qu'un score élevé à celle-ci correspondait à une meilleure interception et écoute corporelle. La future mère saura donc facilement déceler sa faim mais aussi sa satiété ( Principe 6).

Limites de l'alimentation intuitive chez la femme enceinte

Au premier trimestre, 85% des femmes ont des nausées (et vomissements) plus ou moins importantes pouvant interférer avec l'absorption de nutriments mais aussi avec le comportement alimentaire. On aura tendance à être rassasié plus vite et compenser avec des fringales récurrentes. Il faudra penser à compenser ces pertes et ou manquements par un apport imposé en eau,  minéraux et énergie principalement. On notera aussi les fameuses "envies" des femmes enceintes. Si certains spécialistes associent celles-ci avec l‘instinctothérapie, il n'y a jusqu'alors aucune étude fiable qui le démontre. Des hypothèses les associeraient avec des bouleversements hormonaux menant à des envies de sucré.

L'instinctothérapie n'étant pas vérifié, la femme devrait au delà de ses envies et attirances s'orienter vers des aliments lui apportant les micronutriments essentiels pour sa grossesse. Les envies de produits à risques tels que la charcuterie ou bien le poisson cru ne doivent pas mener à une prise alimentaire car celle-ci pourrait mettre en danger le fœtus. Il faudra aussi s'assurer que la femme enceinte accepte et respecte ses envies de manger émotionnelles qui sont aussi valables que les signaux de faim.

Conclusion

Une alimentation intuitive serait liée à de meilleures constantes de santé et le maintien d'un poids d'équilibre. Elle est aussi corrélée à une prise de poids gestationnel limité. Cependant au vu des besoins croissants de la femme enceinte, notamment en termes de micronutriments, une éducation nutritionnelle et un contrôle régulier des ingestats semblent nécessaire. Il est aussi indispensable d'exclure certains éléments tels que l'alcool et ce en dépit des différentes envies. À mon avis, la grossesse peut être un des meilleurs moments pour voir si l'alimentation intuitive peut nous correspondre. Soulagée des pressions sociales planant sur le corps de la femme, la future mère peut se concentrer sur son ressenti, ses envies et ses sensations corporelles. C'est aussi un moment où l'on est suivi par des professionnels de santé ce qui exclut tout risque de malnutrition pour la mère ou l'enfant. C'est un travail sur le comportement alimentaire qui mérite d'être abordé en parallèle d'une instruction diététique. Cet enseignement peut être donné par un(e) diététicien(ne) comportementaliste.

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Article en partenariat avec Nutrimis.